La Ligue canadienne des compositeurs et le Centre de musique canadienne sont ravis d’annoncer que Dylan Robinson est le lauréat du Prix des amis de la musique canadienne 2023. Dylan a choisi Sherryl Sewepagaham pour recevoir un soutien en tant qu’artiste émergente.
Dylan Robinson est l’un des plus importants chercheurs en musique travaillant au Canada aujourd’hui. Artiste xwélmexw, conservateur et écrivain, ses recherches se concentrent sur « les politiques sensorielles de l’activisme autochtone et des arts, et questionnent comment les droits autochtones et le colonialisme sont incarnés et spatialisés dans l’espace public ». En 2020, Dylan a publié un ouvrage acclamé par la critique, Hungry Listening: Resonant Theory for Indigenous Sound Studiesune lecture incontournable pour les compositeur·ices canadien·nes, les interprètes, les musicologues et toute personne curieuse du monde de la musique classique contemporaine canadienne. De 2015 à 2022, Dylan a été titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les arts autochtones à l’Université Queen’s et, en juin 2022, il a été nommé professeur associé à l’école de musique de l’Université de la Colombie-Britannique. Ses travaux actuels portent sur les pratiques d’interprétation interdisciplinaires pour la musique classique et la musique nouvelle. Il est également président du Conseil consultatif autochtone du Centre de musique canadienne. À travers les diverses formes que prennent ses recherches et sa pratique, il cherche à donner la priorité à la résurgence autochtone et à transmettre la vitalité sensorielle de la vie autochtone.
Comme l’a dit l’un des membres du jury : parfois, les ami·es sont là pour vous féliciter et vous dire que vous avez fait du bon travail, mais d’autres fois, ils vous font savoir que vous devez vous ressaisir. Le travail intrépide et incisif de Dylan a soulevé des questions d’une importance cruciale, en tendant un miroir à la communauté musicale canadienne, tant passée que présente, et en nous demandant à toustes de remettre en question des hypothèses de longue date et d’affronter des vérités inconfortables au sujet de notre communauté. C’est particulièrement vrai pour les organisations héritées du passé, telles que la LCC et le CMC. Ces deux organisations sont issues de la politique culturelle des années 1950, qui privilégiait les formes d’art européennes et coloniales (y compris l’utilisation de la propriété intellectuelle et culturelle autochtone) à une époque où les communautés autochtones étaient victimes de politiques publiques violentes, notamment les pensionnats, l’interdiction du Potlatch et la rafle des années 1960. Nous sommes extrêmement reconnaissant·es à Dylan d’avoir entrepris ce travail.
Sherryl Sewepagaham a une longue carrière d’autrice-compositrice-interprète crie, mais elle a récemment commencé à composer des œuvres pour des chorales, notamment pour Musica Intima, le Canadian Chamber Choir et ProCoro Canada. Son travail intègre la langue crie dans différentes formes musicales qui mettent ces formes musicales au service de la prononciation de la langue crie et de la signification des mots. Alors qu’un processus de composition typique pourrait consister à adapter la langue crie aux formes musicales occidentales, l’œuvre de Sewepagaham permet au contraire à la langue crie elle-même de chanter. D’un point de vue autochtone, l’accent mis par Sewepagaham sur la langue crie témoigne d’une pratique sophistiquée de résurgence autochtone, où le chant est utilisé – comme l’ont toujours fait les peuples autochtones – comme principal véhicule de transmission du savoir autochtone.