Laboratorio Arts Society
LABORATORIO Arts Society est un organisme artistique à but non lucratif situé à Roberts Creek, à deux heures de route au nord de Vancouver. Création de Giorgio Magnanensi, directeur artistique de Vancouver New Music, LABORATORIO Arts Society a pour mandat de promouvoir les œuvres d’art mettant en jeu différentes formes de dialogue et d’interaction en temps réel.
Linda Bouchard s’est entretenue avec Giorgio Magnanensi le 21 novembre 2017 dans les locaux de Vancouver New Music.
LB : Au cours des dix dernières années, vous avez créé des évènements uniques impliquant la communauté de la Sunshine Coast. Racontez-nous comment vous vous y prenez.
GM : L’un de nos projets en cours s’appelle Sound Garden. Il s’agit d’une installation présentée les soirs d’été. Le public se promène le long d’un sentier naturel qui leur est probablement familier. Nous projetons des images sur des rochers et des arbres et nous intégrons des sons à la forêt. De petits haut-parleurs dissimulés diffusent subtilement des enregistrements de sons environnementaux adroitement améliorés. L’accès à ces évènements est gratuit et habituellement, plus de 170 personnes y assistent sur deux soirées. Cette promenade sonore révèle de nouveaux aspects d’un endroit familier et contribue à ouvrir nos sens de manière nouvelle. Comme les gens se rendent dans un lieu qui leur est familier, ils sont prêts à courir le risque et faire de nouvelles expériences.
LB : Dans l’énoncé de mission de la LABORATORIO Arts Society, il est question d’un « atelier pour interprètes et public ». Pouvez-vous nous expliquer comment vous réalisez cette expérience?
GM : Pour l’évènement One-Page Score, nous invitons des membres de la communauté sans expérience musicale à créer une partition graphique destinée à être interprétée par des musiciens professionnels. C’est un excellent moyen d’encourager les gens à participer à un processus de création qui établit des liens entre ce que nous voyons et ce que nous entendons.
Pour le dernier évènement One-Page Score, nous avons collaboré avec Maurice Spira et Dean Schutz, deux artistes visuels de la Sunshine Coast, et nous avons offert un atelier portant sur l’application de différentes techniques pour la création de partitions graphiques. Nous avons ensuite invité 14 musiciens, de Vancouver pour la plupart, à venir à Roberts Creek pour interagir et répéter pendant une journée avec les neuf participants de la communauté. Lors de la performance publique présentée à cette soirée au cours de laquelle la partition était projetée, la salle communautaire de Roberts Creek était pleine (près de 170 personnes en entrée libre ou sur contribution volontaire).
LB : Comment faites-vous pour rejoindre votre public dans un milieu rural comme Roberts Creek?
GM : Nous avons développé une liste d’envoi avec le temps, mais nous comptons aussi sur les bonnes vieilles affiches dans les commerces locaux, le bureau de poste et les restaurants, ainsi que sur le bouche-à-oreille.
LB : Vous êtes une personne très occupée — musicien, compositeur, chef d’orchestre, enseignant, producteur et père de famille. Pourquoi est-il si important pour vous de poursuivre ces activités?
GM : Je vis sur la Sunshine Coast et je souhaite encourager les activités qui me tiennent à cœur. À Vancouver, il se passe beaucoup de choses, mais ici sur la côte, il y a peu d’activités qui impliquent la collectivité — à tout le moins des activités de création comme celles que j’aime encourager et présenter.
LB : Notre milieu de musique nouvelle peut avoir tendance à se replier sur soi. D’une certaine façon, on peut dire que nous prêchons aux convertis en jouant pour un public expert. Pourquoi éprouvez-vous donc le besoin d’inclure des gens qui ne connaissent peut-être pas grand-chose à la musique contemporaine?
GM : Je crois que l’art et la musique ne sont pas l’apanage de quelques privilégiés. Je fais confiance au pouvoir du son et de l’imagination et je considère que mon rôle de musicien est de favoriser le dialogue et l’échange de manière à entrer en résonance à partir de ce avec quoi je travaille : le son.
Les gens peuvent être ouverts à de nouvelles manières d’utiliser le son s’ils participent concrètement au processus. Lorsqu’ils interagissent en direct avec des musiciens, les membres de la communauté ont la chance d’être très près des sons et réagissent de manière intense et viscérale à cette expérience.
L’objectif de « One-Page Score » n’est pas de créer de la bonne musique. Ce qui importe, c’est le processus et la participation créatrice à des activités à l’aide du son. Je peux vous dire que lors de la dernière performance, le public a beaucoup aimé l’expérience — il en redemandait, il voulait participer. La présence de partitions visuelles et de musiciens en direct offre au public une expérience moins abstraite d’écoute du son et de la musique.
LB : Vous créez des évènements participatifs et ouverts à la collectivité. Sur votre site Web, on peut voir que vous avez offert des ateliers portant sur des pratiques électroniques, Circuit Bending, etc. Pourriez-vous présenter une série de concerts régulière ?
GM: Bien sûr, ces activités ne sont pas exclusives. Nous avons présenté des concerts dans des espaces locaux. Le nom le dit : c’est un Laboratorio !